Entretien croisé avec
Rose Le Bescond
et Lucile Birba
Tu étais bergère chez l’association Clinamen dans le 93, peux-tu nous expliquer en quoi consiste le métier de bergère urbaine ?
Rose (l’autrice) : Nous avons tous en tête l’image d’une bergère en estive, au beau milieu de la montagne entourée de son troupeau. Le travail d’une bergère urbaine est assez similaire, la seule différence est le lieu où elle exerce son activité. La ville est un espace accueillant pour les animaux d’élevage, les brebis s’adaptent au béton et transhument avec aisance aux pieds des immeubles. Bien sûr, on ne peut pas envisager un cheptel de 1200 bêtes dans des quartiers parisiens par exemple. Malgré tout, en tant que bergère, le mouton m’a poussé à voir à travers son regard pour finalement constater que la ville est plus verte qu’on ne le pense.
©Rose Le Bescond
Comment t’y es-tu prise pour faire de cette histoire vraie un album pour les enfants ?
Rose : Je ne suis pas autrice à la base donc j’ai découvert le travail d’écriture grâce à la rédaction de cet album. Écrire un récit inspiré de faits réels est de mon point de vue, un avantage.
Finalement, le plus délicat était de trouver une construction de récit et un langage, adaptés aux enfants. Au-delà de l’aspect pédagogique de cet album, mon but était de raconter ce récit avec humour pour qu’il plaise aux petits comme aux plus grands.
Qu’as-tu préféré illustrer dans La Cavale ?
Lucile (l’illustratrice) : Les moutons évidemment ! J’ai aussi adoré dessiner la ville et les bâtiments en m’amusant avec les couleurs et les perspectives.
Quelle est ta technique de dessin pour cet album et travailles-tu toujours de cette manière ?
Lucile : Pour cet album j’ai réalisé toutes les illustrations sur Procreate avec des brush imitant les crayons de couleurs. C’est le deuxième album que j’illustre entièrement de cette façon, même si j’adore dessiner à la main aux crayons, le numérique permet une plus grande liberté au niveau des couleurs et des retouches.
©Rose Le Bescond
Les brebis de l’association Clinamen ressemblent-elles vraiment à celles de La Cavale ?
Rose : J’ai romancé cette histoire mais les comportements qui sont décrits dans cet album se rapprochent de la réalité. Comme dans un groupe d’humains, chaque brebis a son petit caractère. Les moutons sont bien plus malins qu’on ne le pense !
As-tu appris des choses sur les moutons et les brebis en travaillant sur ce projet éditorial ?
Lucile : Oui ! J’ai aussi eu la chance d’aller rendre visite à Mimi et ses congénères au parc Georges Valbon à la Courneuve. J’ai pu voir à quel point le mouton est un animal très intelligent mais aussi très gourmand ! En surtout, même si il évolue en troupeau, chaque mouton possède son propre caractère et sa propre personnalité.
Tu mets en place des ateliers autour de la laine, peux-tu nous dire ce qui te plaît dans cet artisanat ?
Rose : La laine est une matière incroyable et peut se transformer de multiples façons. Personnellement, j’aime beaucoup le feutrage à l’eau car c’est une discipline qui nécessite peu de matériel et qui est accessible à tous. Au-delà des ateliers, ce qui me plaît dans cet artisanat est sa complexité. Chaque laine de chaque race a ses spécificités et oblige à un certain lâcher prise. Même avec une technique irréprochable le résultat sera toujours différent de ce que l’on avait imaginé et chaque étoffe sera forcément unique.
La laine est un médium artisanal et artistique, lui trouves-tu des similitudes avec les techniques d’illustration ?
Lucile : Oui, notamment dans la façon dont j’aime utiliser le crayon de couleur. J’aime l’aspect gribouillage, qui laisse entrevoir le blanc du papier, un peu de la même façon qu’un tissage peut laisser passer la lumière.