Entretien croisé avec
Pauline Payen
et Noémie Favart
Avais-tu déjà entendu parler du blob avant de te lancer dans ce projet d’album ?
Pauline (l’autrice) : Oui ! En tant que journaliste spécialisée dans la presse jeunesse documentaire, je m’intéresse de près aux sujets scientifiques et nature. J’avais déjà eu l’occasion de mentionner ce drôle d’être vivant dans quelques articles. Cependant, comme beaucoup de passionné·es de nature, j’en ai beaucoup entendu parler lorsque les travaux d’Audrey Dussutour, la spécialiste du blob en France, ont été largement diffusés. Ce qui est sûr, c’est que cette créature gluante et jaune m’a fascinée dès sa découverte. D’ailleurs, il se pourrait que je m’en sois procuré un pour le lancement de ce nouvel album Sauvageons…
As-tu choisi de rendre le blob attrayant ou repoussant ? Quel a été ton parti pris pour susciter la curiosité des enfants ?
Noémie (l’illustratrice) : Avant de commencer le projet, le blob me terrifiait ; je l’imaginais envahissant et incontrôlable. J’ai découvert grâce à ce livre que c’était loin d’être le cas et que le blob joue même un rôle essentiel dans notre écosystème ! J’ai donc opté pour un blob un peu mignon et j’espère qu’avec son petit visage souriant, il inspirera davantage de sympathie.
Est-ce qu’il était difficile d’expliquer aux enfants les propriétés physiques et chimiques d’une créature aussi étrange que le blob ?
Pauline : Je dois reconnaître que ce n’était pas le plus évident des Sauvageons à concevoir et rédiger ! Comme le blob n’est ni un animal, ni une plante, ni un champignon, il est déjà difficile pour tout le monde, même les plus grands, de saisir cette étrange créature. De plus, le blob n’a pas les parties du corps ou organes auxquels nous sommes habitué·e·s : pas de pattes, pas de bouche… On repart donc un peu de zéro avec le blob ! Pour ses capacités incroyables, nous avons choisi de présenter une partie de l’ouvrage sous forme de « carnet scientifique » pour les énumérer. L’idée était de mettre en avant le travail des scientifiques autour du blob, et les petites expériences simples que Noémie a illustrées en plusieurs étapes ludiques permettent de bien comprendre son fonctionnement, sa locomotion… et son énorme appétit !
La dimension documentaire et scientifique de certaines illustrations, telles que celles des expériences, du labyrinthe ou de la carte, a-t-elle constitué un défi pour toi ?
Noémie : Oui, j’adore ce genre de défi : rendre une idée un peu complexe immédiatement compréhensible et accessible à tous. C’est un peu la magie du dessin, et ces moments de création sont particulièrement amusants pour moi !
Quelles techniques utilises-tu pour réaliser tes dessins ?
Noémie : Je commence par dessiner en noir avec un feutre fin, puis je fais la couleur à part avec des marqueurs. Je n’applique pas les marqueurs directement sur mon dessin, ce qui me permet de corriger certaines erreurs et d’effectuer quelques retouches sur l’ordinateur. Je réimprime donc mon dessin en noir et blanc avant de passer à l’étape de la colorisation.
Comment as-tu sélectionné les couleurs principales de l’album ?
Noémie : C’était facile, le blob est toujours jaune, et son environnement principal est soit la nature, avec ses forêts ombragées et humides, soit les laboratoires scientifiques.
Il était donc naturel de choisir du jaune, du vert, du gris et du bleu.
Où as-tu pu te documenter pour trouver toutes ces informations sur le blob ?
Pauline : Au moment où Marianne et Céline, les éditrices de Panthera, ont décidé de consacrer un ouvrage au blob, la « mode du blob » avait déjà bien démarré. J’ai pu trouver relativement facilement des ressources pour engranger un maximum d’informations sur cet être vivant : articles scientifiques, documentaires… Comme mentionné précédemment, les travaux de vulgarisation d’Audrey Dussutour ont été d’une grande aide pour apprivoiser cette curieuse créature ! Nous avons d’ailleurs tenu à ce qu’elle relise l’ouvrage à différentes étapes de sa conception afin de nous assurer que nous ne disions pas de bêtises à son sujet.
Cet album documentaire est le quatrième que tu écris pour la collection Sauvageons. Qu’est-ce que ces expériences t’apportent en tant qu’autrice ?
Pauline : J’aime beaucoup cet exercice, qui est complémentaire avec mon métier de journaliste en presse jeunesse. Lorsque je débute mes recherches pour un ouvrage, je sais que Marianne et Céline me laissent « le champ libre », avec pour seule contrainte ou presque un nombre de pages précis. Afin de déterminer ce que j’ai envie de transmettre à nos lecteur.rice.s, je me replonge souvent dans mes souvenirs de petite fille curieuse et passionnée de nature : je réfléchis à ce qui m’aurait intéressée, impressionnée, touchée, fait rêver ! Le plus difficile est souvent de faire un énorme tri dans la quantité d’informations disponibles : même avec 40 pages, on ne peut pas tout raconter ! La phase de rédaction est celle que j’apprécie particulièrement : c’est toujours un défi d’expliquer des choses parfois complexes avec peu de mots et un vocabulaire accessible aux enfants. Enfin, j’adore découvrir comment les illustrateur·ices s’approprient le sujet et les textes que j’ai rédigés. Chacun·e apporte sa touche personnelle. Dans le cas du blob, Noémie a créé un univers graphique qui, je trouve, correspond parfaitement au blob. Je suis fan !
Comment parviens-tu à fusionner l’aspect documentaire de l’album avec la bande dessinée ?
Noémie : La forme documentaire peut parfois sembler un peu sérieuse ou moins incarnée. Avec quelques phylactères, on peut ajouter des touches d’humour et rendre le blob plus avenant. Raconter la mission dans l’espace en bande dessinée permet de rendre l’histoire encore plus vivante, plus épique. Je trouve que cela se marie très bien avec les moments plus scientifiques des expériences, ce qui rythme l’ouvrage.
Es-tu amenée à changer ton style d’écriture lorsque l’album adopte le format des cases d’une bande dessinée ?
Pauline : La bande dessinée est effectivement un format d’écriture particulier. On a moins de place pour s’étendre dans les textes, le rythme doit être très dynamique, et les dialogues sont aussi importants que les images pour apporter des informations et captiver les lecteur·ices. Étant moi-même une grande lectrice de bande dessinée, qu’il s’agisse de fiction, de reportage ou documentaire, je trouve ce type d’écriture très intéressant et j’aimerais l’explorer davantage pour de futurs projets.