Entretien avec
Pauline Morel

Pauline, peux-tu nous parler de l’origine de Pluie ? Qu’est-ce qui t’a inspirée pour créer ce personnage et son histoire ?

Le personnage de Pluie est né un jour d’été. Je griffonnais dans le coin d’une feuille et me sentais démotivée. J’avais donc cette image de bras tombants, lorsqu’on se sent accablé·e par une situation. Pluie incarne littéralement l’expression « baisser les bras » une idée que j’ai voulu approfondir et développer !

Extrait de La Cavale de Rose Le Bescond et Lucile Birba, éditions Panthera
Extrait de La Cavale de Rose Le Bescond et Lucile Birba, éditions Panthera

Ébauches de Pluie par Pauline Morel

Pluie fait face à l’exclusion et à la solitude au début de l’histoire. Pourquoi avoir choisi de traiter de ces thèmes à travers ce personnage ?

À travers Pluie, j’aborde la place d’un·e individu·e dans une société où le regard des autres pèse lourd, surtout quand on est perçu·e comme « hors normes » ou « inadapté·e ». Dans le village Pissenlit, personne ne cherche à comprendre Pluie avant de l’exclure. Son character design (conception graphique du personnage), sorte de mélange entre chat et phoque, lui permet d’incarner une identité mouvante et universelle : être n’importe quoi ou qui. On est embarqué·e dans un voyage initiatique où Pluie va grandir autant que ses bras, et c’est en rencontrant les personnages de la forêt qu’il va réussir à se prendre en main, endosser des responsabilités et croire en lui.

Dans Pluie, on découvre un univers magique et onirique. Comment as-tu imaginé l’atmosphère de ce monde ? Quelle place accordes-tu à la nature dans ton récit ?

La nature occupe souvent une place centrale dans mon travail, et dans cette histoire, elle en est le point de départ. La forêt est pour moi une grande source d’inspiration. Je souhaitais moi-même être immergée dans une ambiance boisée et étrange où absolument tout peut émerger ! J’aime m’imprégner de cet univers, m’inspirer des contes et de leurs archétypes. Ici, j’ai notamment puisé dans la figure de Baba Yaga, la sorcière du conte Vassilissa-la-très-belle.

Le troupeau de l'Association Clinamen par Rose Le Bescond

Ébauches de Pluie par Pauline Morel

La nature joue un rôle central dans Pluie, que ce soit à travers la forêt magique ou les conséquences des actions de Pluie. Pourquoi avoir choisi de mettre la nature au cœur de cette histoire ?

Si la nature est au cœur de cette histoire, c’est parce qu’elle est surtout au cœur de la nôtre et qu’on ne peut plus l’ignorer. Mais malgré le déracinement des arbres que Pluie a causé, la forêt va tout de même l’accueillir et il va petit à petit se lier d’amitié avec une sorcière, Bibi Grigri, et les autres animaux qui habitent la forêt. Il y a un regard sur nos arbres et la biodiversité en général qui prend du temps à (re)pousser, et même avec l’intervention de la magie, ces êtres vivants ne peuvent se développer à grande vitesse. Chaque action qui perturbe son rythme peut avoir des conséquences irréversibles. L’état émotionnel de Pluie résonne avec son environnement : comme les arbres qui poussent lentement, il faut laisser le temps faire son œuvre pour que les émotions évoluent.

Le troupeau de l'Association Clinamen par Rose Le Bescond

Ébauches de Pluie par Pauline Morel

Quel message souhaites-tu que les jeunes lecteurs·ices retiennent de cette histoire ?

Bien sûr, il y a des réflexions écologiques et émotionnelles dans cette BD, on peut y voir plein de métaphores, mais ce sont avant tout des pistes de lecture. Avant tout, je souhaitais partager une aventure décalée et haute en couleur, qui contraste avec la mélancolie de Pluie. L’idée serait de profiter du voyage, entouré·e d’une joyeuse troupe, sans vraiment savoir où l’on va, mais avec l’espoir que quelque chose de beau nous attend !

Le troupeau de l'Association Clinamen par Rose Le Bescond

Ébauche de Pluie par Pauline Morel

Couverture de Pluie de Pauline Morel, éditions Panthera

Pluie

Pauline Morel

Pluie, premier album jeunesse de Pauline Morel, raconte l’histoire d’un personnage maladroit en quête de soi, explorant la différence, l’acceptation de soi et le lien avec la nature à travers un voyage poétique et initiatique.