Entretien croisé avec
Manon Selli
et Lauriane Miara
Tu as choisi d’écrire sur Scarlette Le Corre, pour quelle(s) raison(s) ton choix s’est-il porté sur elle ?
Manon (l’autrice) : Le livre visait à faire le portrait d’une pêcheuse qui aurait soit une histoire très attachée à la Bretagne, soit qui se distinguerait par la pêche particulière qu’elle ferait. Scarlette réunit les deux et plus encore ! Elle s’est rapidement affirmée comme une évidence.
Tu as davantage l’habitude de dessiner des paysages montagneux, qu’est-ce qui t’a plu dans ce projet plus maritime ?
Lauriane (l’illustratrice) : Au départ, j’ai surtout été séduite par la thématique des algues. L’idée de peindre ces plantes aux formes mouvantes ainsi que l’horizon marin, était pour moi une belle accroche. Finalement, dès la création des brouillons, c’est Scarlette qui a éveillé mon affection. J’ai de l’attachement pour les personnalités laborieuses, en lutte, fières, généreuses… comme Scarlette. Sa vie est composée de plusieurs facettes, ce qui en fait un personnage très riche et intéressant à dessiner.
Tu as passé une semaine à suivre Scarlette dans ses activités, quelle relation as-tu pu créer avec Scarlette ?
Manon : Difficile à canaliser une personne comme Scarlette ! En tant que journaliste, c’est une chance, car c’est une personne riche d’histoires, qui accroche notre attention. D’un autre côté, cela peut être aussi une difficulté, car on peine à rentrer réellement dans son intimité. Il a fallu cheminer à son rythme, pour cueillir les moments d’entre-deux qui laissent place à la confidence.
Quelle est ta technique de dessin sur cette BD et comment l’as-tu pensée ?
Lauriane : Cette BD a été réalisée directement sur papier, à l’aquarelle. Au départ, j’envisageais de peindre les cases uniquement à l’aquarelle mais le rendu m’ayant semblé trop flottant, j’ai décidé d’utiliser la ligne claire. Cette technique, très répandue en BD, ajoute de la netteté et permet surtout d’affiner les expressions des visages. Or, pour illustrer un personnage tel que celui de Scarlette, il fallait absolument pouvoir renforcer les expressions.
Pourquoi as-tu choisi le journal de bord comme format de narration ?
Manon : Le journal de bord transcrit le cheminement de ma rencontre avec Scarlette, d’abord un regard extérieur et généraliste jusqu’à des confessions plus intimes. Aussi avec ce format, les lecteur.ices pouvaient m’accompagner dans mes observations et découvertes sur Scarlette et son bout de Finistère.
Tu alternes les pleines-pages et la mise en page BD, comment choisis-tu entre l’un ou l’autre ?
Lauriane : La mise en page BD a été utilisée essentiellement pour retranscrire les dialogues. J’ai essayé autant que possible d’y intégrer des pointes d’humour. Les pleines pages illustrent plutôt des moments suspendus ; de mon côté, j’ai essayé de travailler ces compositions en y apportant une note sensible, de façon à créer des pauses. Elles viennent aussi contrebalancer le récit d’une vie bien remplie qui laisse peu de place aux respirations.