Entretien avec
Laura Bertrand

Comment t’est venue cette histoire ?

Beaucoup par l’observation et par des conversations avec mes proches, notamment des amis du même âge que moi. On s’est retrouvés ces dernières années dans nos premiers emplois et, à cette occasion, on avait des choses à se raconter ! Cette histoire c’était aussi l’occasion de régler des comptes avec certaines questions qui ne nous lâchent jamais vraiment, comme le sens de la vie par exemple : ça défoule d’y répondre de façon absurde !

Le troupeau de l'Association Clinamen par Rose Le Bescond

Peux-tu expliquer les différentes étapes de création de Cosmos big band (de l’idée jusqu’à la réalisation finale) ?

Si les personnages étaient là depuis un certain temps, j’ai défini un peu plus tard le cadre de l’histoire et écrit le synopsis pour un concours de bande-dessinée. De façon à me concentrer et ne pas perdre de temps dessus. J’ai réuni des éléments qui m’intéressaient, même s’ils n’avaient pas grand-chose en commun : la musique, les ambiances pop et disco et « l’au-delà ».

J’ai laissé reposer cette première version finie, avant de m’y remettre sous l’impulsion des éditions Panthera. Une fois la trame détaillée réécrite, je l’ai développée par le storyboard. Ensuite est venue la phase d’exécution. Sur cette BD, l’encrage et la couleur se sont construits en même temps.

Extrait de La Cavale de Rose Le Bescond et Lucile Birba, éditions Panthera
Extrait de La Cavale de Rose Le Bescond et Lucile Birba, éditions Panthera

Quelle est ta technique de dessin et travailles-tu toujours de cette façon ?

Disons que je mixe des choses qui n’ont pas grand-chose à voir ensemble. Comme pour le scénario, cela marche par des associations loufoques !

Techniquement, j’utilise la tablette depuis longtemps, c’est un super outil. Mais j’aime bien ajouter un peu d’expérimentations manuelles dans le traitement des images, notamment les fonds.

J’ai un certain goût pour le kitsch et l’art naïf, je suis donc mon instinct et je me fais plaisir. Je monte ma BD sur Indesign comme un puzzle, ce qui me permet de poser un cadre, mais d’avoir beaucoup de latitude dans les modifications. C’est un peu comme du roman photo.

Le troupeau de l'Association Clinamen par Rose Le Bescond

Pourquoi parler des fonctionnements d’entreprises type start-up ?

Je ne sais pas si cela se cantonne aux entreprises de type start-up, mais plutôt aux petits dysfonctionnements du monde du travail dans son ensemble. Disons donc le secteur des services.

En fait c’est même assez large, car ça décrit toutes les situations où il y a des rapports d’autorité. Vous allez à la poste, dans le train, etc. : vous rencontrez des Melvin. Là où il y a des chefaillons, il y a du grabuge ! Et là où il y a du grabuge, c’est souvent assez marrant (de loin).

La musique rythme ce récit déjanté, quel est ton lien avec elle ?

La musique est une source de concentration et d’inspiration que j’ai toujours reliée au dessin. Et dessiner en musique, c’est comme jouer quand on est enfant : on est à fond dans nos âneries.

Ce premier tome, La ballade des petits pois, c’est principalement de l’Italo disco, de la new wave et des chansons de Nino Ferrer. En plus, dessiner des petits bonshommes qui se dandinent, c’est jubilatoire ! On se retrouve à se dandiner soi-même sur sa chaise de bureau en faisant du play-back sur la musique qu’on écoute. L’équivalent BD du chanteur de salle de bain.

Le troupeau de l'Association Clinamen par Rose Le Bescond

Quel personnage de l’histoire te ressemble le plus à ton avis ?

Il y a un peu de moi dans tous les personnages, surtout les mauvais côtés !

Le troupeau de l'Association Clinamen par Rose Le Bescond
Couverture de La Cavale de Rose Le Bescond et Lucile Birba, éditions Panthera

Cosmos big band

Laura Bertrand

Cette BD cosmique est rythmée par les aventures de personnages déjantés. Les dessins enfantins aux couleurs acidulées contrastent avec le propos grinçant de l’autrice.