Entretien croisé avec
Arno Cayotte
et Sophie Weidler-Bauchez

Pourquoi écrire sur les pigeons voyageurs ?

Arno (l’auteur) : Écrire sur les pigeons voyageurs, c’est s’envoler avec eux, affronter le grand large et les vents contraires : c’est joindre l’utile à l’altitude ! Il convenait de saluer enfin les aptitudes exceptionnelles d’une espèce que nous trouvons très ordinaire au quotidien, sur nos trottoirs, non loin des poubelles et sous le regard agacé des passants.

Qu’est-ce qui t’a plu dans le texte de Dites-le avec des pigeons ?

Sophie (l’illustratrice) : J’ai adoré le fait de rendre les pigeons mignons et rigolos, alors qu’ils sont tellement mal-aimés de tou.te.s. En dessinant, je m’imaginais les enfants rire en voyant leurs têtes ou leurs postures.
J’ai aussi adoré réaliser les planches avec Venise, le pont du Rialto et la place St-Marc. Pour l’occasion, j’ai fouillé dans les vieilles photos de mon voyage à Venise pour trouver le bon cadrage et représenter fidèlement l’architecture que j’avais vue là-bas.

Quelle est l’information la plus incroyable que tu as découverte sur ces animaux ?

Arno : Ils ont été doublement à la mode : à la fois choyés par les espions et les amoureux pour porter leurs secrets, mais aussi associés à l’engouement pour Venise en devenant leurs ambassadeurs sur les places européennes. Enfin, ils peuvent porter des lunettes sur un livre des éditions Panthera et c’est suffisamment incroyable pour le signaler. 

Ton regard sur ces animaux a-t-il changé après ce livre ?

Sophie : Maintenant, je regarde les pigeons avec un peu plus d’affection qu’avant ! Je les trouverais presque mignons et sympathiques…

Quelle a été ta technique de dessin pour illustrer cet album ?

Sophie : Pour cet album, j’ai choisi les feutres, l’outil de prédilection des enfants ! J’avais envie de leur montrer qu’avec les feutres qu’ils utilisent tous les jours, on pouvait aussi réaliser des livres qui se trouvent en librairie et dans leur bibliothèque. Les marques de feutre révèlent à merveille le geste effectué par la main pour colorer les planches. Souvent on cherche à masquer les traces, on lisse, on estompe… avec le feutre c’est impossible et ça peut être quelque chose de positif. La trace du mouvement fait partie intégrante des illustrations et en dévoile les coulisses de leur réalisation. 

Envoies-tu souvent des lettres à tes proches ?

Arno : De l’aveu de ces mêmes proches, mon écriture manuscrite est atroce, cryptique et seulement compréhensible par moi-même (et encore…) ; je préfère donc les mails aux lettres pour leur propre confort visuel. J’adore cependant les romans épistolaires, notamment Les liaisons dangereuses (de Pierre Choderlos de Laclos) et je suis certain que le Vicomte de Valmont aurait adoré envoyer un livreur de pigeons voyageurs à la marquise de Merteuil…

À qui as-tu écrit la lettre la plus longue de ta vie ?

Sophie : J’ai sûrement écrit la plus longue lettre de ma vie à mon amie d’enfance, Chloé. On avait beau habiter côte à côte, dans la même rue, on s’écrivait beaucoup (sur du papier Diddl bien sûr). J’ai encore toutes ces lettres soigneusement rangées dans une pochette ou un classeur au grenier. Maintenant, on s’échange des SMS et on fait des appels vidéo… Il va peut-être falloir que je lui envoie une lettre par pigeon voyageur un de ces jours, ça a quand même plus de charme !

Arno : Je ne l’ai sans doute pas encore écrite ou alors l’ai-je gardée pour moi, bien cachetée… écrire une lettre, c’est se dévoiler dans chaque mot, c’est adresser ses sentiments ou sa motivation. Et parfois pour dire « je t’aime » ou « j’aurais tant aimé » les plus courtes sont souvent les plus belles…